Filière BioGNV aux Antilles et en Guyane, l’ADEME fait confiance à Elcimaï Environnement

Retour

La loi de transition écologique pour la croissance verte (LTECV) impose l’autonomie énergétique pour les Antilles et la Guyane d’ici 2030, avec au moins 50 % d’énergies renouvelables. Cette exigence s’applique aussi au secteur des transports, qui représente près des 2/3 des consommations énergétiques. Pourtant, l’utilisation de carburants alternatifs, d’origine biologique et locale, a encore été peu étudiée. Elle pourrait compléter l’offre de motorisation électrique, en particulier pour les véhicules lourds auxquels le stockage batterie ne sait pas répondre, ou la solution hydrogène, encore coûteuse.

ADEME : l’agence de la transition ecologique

C’est dans ce contexte que l’ADEME s’est intéressé au potentiel de développement d’une filière biogaz pour la mobilité (dite BioGNV) en Guadeloupe, en Martinique et/ou en Guyane, qui partagent nombre de caractéristiques : énergétiquement insulaire, absence de réseau de gaz, … Aussi, avant de déployer des études de faisabilité ou d’accompagner des porteurs de projets, l’ADEME a souhaité estimer la pertinence de cette filière, pertinence à la fois technique (gisements, besoins, avantages, risques) et économique (rentabilité).

Elle a confié cette étude à Elcimaï Environnement, filiale du Groupe Elcimaï spécialisée en conseil et ingénierie dans le domaine de l’économie circulaire et de la transition écologique associé à Interface Transport, spécialisé dans la mobilité.

Le projet

L’étude menée par le Groupement consistait à la fois à explorer le potentiel de consommation dans les différentes flottes de véhicules, mais également les conditions de structuration d’une filière de production et distribution du gaz carburant. Précisément l’usage du gaz carburant ne peut pas se faire dans ces territoires de la même manière qu’en Métropole ou dans d’autres pays utilisateurs, du fait de l’absence de réseau de transport et de distribution du gaz.

Il ressort de l’étude qu’avec le vecteur électrique (batteries, hydrogène), le biogaz est la seule solution pour rendre autonome la mobilité dans les outre-mer, qui ne produisent pas d’autres biocarburants. Son prix de revient est inférieur à celui de l’hydrogène et le besoin de subvention publique bien plus limité.

De par le grand nombre d’entreprises de transport, la cible la plus aisée à mobiliser est celle des quelques flottes de bus ou de bennes à ordures ménagères, dont les donneurs d’ordre sont publics. L’enjeu serait donc de pouvoir convertir ces flottes au fur et à mesure des renouvellements de véhicules ou de contrats (qui vont souvent de pair).

lES OBSTACLES AU DEPLOIEMENT DE LA FILIERE

Parmi les principaux obstacles au déploiement de cette filière dans les trois départements français d’Amérique, on relève toutefois les coûts d’investissement nécessaires du fait de l’absence de réseau de gaz (3,5 à 6 M€ selon les sites et les hypothèses), et pour la Guyane et la Guadeloupe, du faible nombre de véhicules identifiés. En effet, cet investissement s’amortira d’autant mieux qu’il alimentera un maximum de véhicules, dans les limites des capacités de production de biogaz.

Par ailleurs, cette absence de réseau de gaz impose de mettre en place des redondances pour garantir l’approvisionnement : disposer de 2 producteurs dont toute la production ne doit pas être valorisée, doubler les équipements sensibles (pompes, …), garantir au moins 2 jours de stock, etc…, ce qui limite également le gisement mobilisable.

Toutefois, cette étude ayant montré à l’ADEME la pertinence de cette filière dans ces territoires énergétiquement insulaires, celle-ci poursuit le travail avec les acteurs locaux et pourrait apporter l’aide financière nécessaire à sa mise en place. Cette aide permettrait de rendre attractive cette solution, y compris dans le cadre d’un déploiement progressif au gré des renouvellements de flottes.

Publié le

19/10/2021

Partager sur