En 2050, si rien n’est fait, 12 milliards de tonnes de déchets plastiques auront été accumulée sur la planète. Le poids exponentiel du plastique dans les océans sera ainsi égal ou supérieur à celui des poissons.
Paris, ville sans plastique à usage unique d’ici 2024
A Paris, la première utilisation du plastique concerne les emballages des produits à usage unique et jetables. Les sachets individuels, les conditionnements de produits à emporter, les sacs plastiques et sachets jetables occupent aujourd’hui la moitié des poubelles en volume, et le tiers en poids.
Le cadre réglementaire européen et français évolue depuis plusieurs années avec l’interdiction des sacs plastiques à usage unique depuis 2017, puis de la vaisselle jetable, des cotons tiges, et des cosmétiques contenant des microbilles de plastique depuis 2020.
Consciente de l’urgence environnementale et sanitaire de lutter contre le plastique à usage unique, la Ville de Paris souhaite profiter de l’élan des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 pour accélérer ce changement. La première mesure de son plan héritage « Transformations olympiques » vise à faire de Paris « une ville sans plastique à usage unique d’ici 2024 ».
C’est ainsi qu’elle a missionné le bureau d’études Elcimaï Environnement, en collaboration avec AQ(T)UA, pour dresser un diagnostic territorial qui a vocation à faire l’inventaire des flux de matières plastiques, depuis leurs lieux d’usage (logements, zones récréatives, rue/extérieur, entreprise, industrie, BTP…) jusqu’aux compartiments environnementaux où elles échouent. Ce diagnostic, qui repose sur un large travail bibliographique et de nombreux entretiens, vient d’être remis, accompagné de recommandations. Il éclaire sur les usages, les impacts, les quantités en jeu et les acteurs concernés.
Elcimaï environnement a remis son diagnostic environnemental
Le diagnostic porte sur le territoire de la Ville de Paris. Il couvre tous les plastiques qu’ils soient utilisés par les activités économiques ou par les ménages. Qu’ils soient consommés dans les zones récréatives ou la rue, ces plastiques qui font notre quotidien sont listés, et leur parcours permet d’identifier les acteurs mobilisés. Il recense les flux de plastiques documentés dans la bibliographie à savoir les emballages des consommateurs mais aussi les déchets des activités économiques (DAE, logistique, chantiers du BTP), les microplastiques ajoutés dans certains cosmétiques, les plastiques présents dans les infrastructures de terrains de sport, les gommes laissées lors du freinage des véhicules, les mégots….
Le diagnostic révèle notamment que la pollution est diffuse, multiple, et touche tous les compartiments. Les transferts du circuit de collecte vers le réseau d’assainissement, du sol vers le réseau hydrographique, les transferts par l’air, la pluie, voire les « mauvais gestes » complexifient l’action pour réduire la quantité de plastiques arrivant en Seine ou sur le sol.
Tous les compartiments (eau, sol, air) sont concernés par les particules de plastique. Si un habitant utilise environ 160kg de plastique par an, 100g sous formes de poussières synthétiques vont rejoindre l’atmosphère, 28g vont rejoindre la Seine, et 340g vont être stockés sur le sol. Pour le sol, cela est lié par exemple aux pertes et dépôts sauvages de déchets du BTP. En l’occurrence, la gestion des déchets du BTP sera un enjeu dans les années à venir compte tenu des chantiers de construction à mener (19,5 millions de m² sont à construire à horizon 2024 à Paris et en Seine Saint-Denis).
Les particules retrouvées en Seine sont à la fois des emballages et bouteilles mais aussi des microparticules de taille inférieure à 5mm voire 300μm pour les fibres textiles qui rejoignent le fleuve, entrainées par le circuit de l’assainissement. Les flux de plastique liés à l’abrasion des pneumatiques, des mégots, des granulés plastique apparaissent comme les surprises du diagnostic, même si les chercheurs travaillant sur la problématique observent la présence de paillettes utilisées en plasturgie dans la Seine lors de leurs mesures.
Ces différents constats nous ont permis de faire quelques recommandations. Par exemple, l‘expérimentation de parcs et jardins Zéro déchet et plus généralement des actions de sensibilisation pour réduire les pertes et incivilités. Mais également le déploiement de la traçabilité des déchets du BTP via le programme DEMOCLES, et le déploiement de la nouvelle filière REP bâtiment.
précise Olivier Perrin, Responsable développement chez Elcimaï Environnement
Une mission à découvrir en vidéo :
Olivier Perrin, Responsable développement chez Elcimaï Environnement, et Christine Gandouin, gérante d’AQ(T)UA, ont présenté la mission à travers une vidéo diffusée lors de la 2e conférence annuelle « Paris sans plastique à usage unique en 2024 ». Cet événement digital co-organisé par la Ville de Paris et Circulab, a notamment donné l’occasion de découvrir :
- le plan d’actions de la Ville de Paris 2021 et ses 6 axes stratégiques pour y mettre fin,
- des acteurs déjà engagés et les solutions pour se passer du plastique à usage unique,
- la constitution d’un réseau d’acteurs et partenaires parisiens pour mettre en oeuvre des solutions
alternatives au plastique à usage unique.
Publié le
24/03/2021
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